Désert, Canyons & Hoodoos : Au cœur de Vermillion Cliffs NM

3 juin 2016

Pas vraiment besoin de réveil ce matin, nous sommes particulièrement excités par la journée qui arrive. Le petit déjeuner est assez vite expédié. Nous rangeons rapidement la tente en profitant tout de même du magnifique cadre dans lequel nous nous trouvons, au cœur des dunes de grès rose. En effet, nous avons rendez-vous dès 8 heures au Paria Outpost pour une expédition à la journée au cœur de Vermillion Cliffs NM.

Ce jour, nous l’attendons depuis longtemps, depuis 4 mois pour être précis et ce jour de début mars où nous avons effectué une demande de permis pour la zone de Coyote Butte South. Il faut savoir que la visite de cette zone est règlementée par 20 permis par jour : 10 sont donnés la veille à la Ranger Station de Kanab et 10 sont délivrés via internet 4 mois à l’avance aux plus rapides à en faire la demande. Pour information, pour cette journée, les 10 permis émis ont été demandés en moins de 20 minutes !

La zone étonnante où nous nous rendons nécessite un 4×4 pour y accéder et je ne suis pas vraiment confiant ni dans les capacités de la Subaru, ni dans les nôtres à conduire sur le sable des pistes. Nous avons donc contacté un outfitter, un guide, pour nous accompagner dans cette journée (le guide n’a pas besoin de permis). Nous avons choisi de confier cette mission aux Dodsons qui tiennent Paria Outpost et sont, dans la région, les pionniers de ce genre d’expéditions. Cela nous coûtera $175 par personne avec boissons et picnics fournis.

Susan Dodsons, la propriétaire, nous accueille donc en ce début de matinée, nous fait signer une décharge de responsabilité, nous fait accrocher nos permis sur nos sacs, vérifie la quantité d’eau que nous emmenons et plus important que tout, nous remet nos sandwichs ! Le temps que les deux autres équipages quittent le camp de base (à destination de White Pockets, une autre zone qui ne nécessite pas de permis) et Susan nous invite à monter dans sa jeep. C’est parti pour l’aventure !

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Nous mettons environ une heure et demie à atteindre la zone de Cottonwood Cove sur des pistes plus ou moins cabossées. Susan nous fait la conversation dans la voiture, nous parle de son ancienne vie de biologiste au lac Powell, de sa petite entreprise touristique et des difficultés à la mettre en place. La conversation est très intéressante et fourmille d’anecdote sur la région. Suivant la House Rock Valley Road, on dépasse le parking de Wire Pass, lieu de départ des mythiques randonnés vers Buckskin Gulch (un immense slot canyon) et Coyote Buttes North (une merveille de la nature à l’accès encore plus règlementé et plus connue sous le nom de The Wave). On passe également devant le Stateline Campground perdu au milieu de rien et qui marque la frontière entre l’Utah et l’Arizona. On ne voit pas vraiment le temps s’écouler et nos échanges ne sont interrompus que lorsque je dois descendre pour ouvrir les barrières à bétail qui bornent la piste régulièrement.

Bientôt, Susan gare la voiture sous un arbre le long de la piste. Un dernier petit check up, une bonne grosse couche de crème solaire et nous nous enfonçons dans le désert à la découverte des lieux. En cette matinée de juin, la température est encore agréable et nous apercevons de nombreuses fleurs dans le désert qui s’ouvrent en profitant de la fraicheur relative. C’est une vraie explosion de couleur qui surprend dans cet environnement aride.

C’est les yeux remplis de ce merveilleux spectacle que nous reprenons la voiture pour rentrer vers Paria Outpost et terminer la journée à siroter des mojitos au bord de la piscine du camping …

MAIS NON JE DÉCONNE !

En effet, au détour d’un cactus, nous apercevons le but de notre voyage, une petite colline se trouve à quelques dizaines de mètre de nous, à son sommet se dressent les premiers tepees de Cottonwood Cove.

Le combo arbre mort + fleur + arrière-plan d’exception : la photographe est aux anges !

Le combo arbre mort + fleur + arrière-plan d’exception : la photographe est aux anges !

Une petite montée dans le sable et environ 20 minutes après avoir quitté la voiture, nous arrivons sur la première partie du site. On s’arrête, on observe, nous sommes presque émus devant les couleurs et les formes que la pierre a pu prendre. Le show peut enfin commencer et rapidement, les yeux demandent grâces devant tant de beauté.

Tout est fou dans ce paysage. Bien sûr, les formes et les circonvolutions des rochers dépassent l’entendement mais ce qui est presque le plus étonnant, ce sont toutes les couleurs de la large dalle sur laquelle nous nous déplaçons : jaune, blanc, rouge, orange, tout le nuancier y passe.

Admirez la palette de pastels.

Admirez la palette de pastels.

Un vrai coin à teepeeque …

Un vrai coin à teepeeque …

Susan s’écarte un peu, nous laissant vraiment le temps d’explorer ce petit bout de massif. Elle donne quelques conseils de photographe mais nous laisse vraiment vivre l’expérience par nous-même,et c’est très agréable. Nous continuons un peu plus loin à explorer de nouveaux reliefs, à découvrir de nouvelles formes. Une vue d’ensemble nous confirme que la zone à explorer est assez étendue et que nous n’en sommes qu’au début.

En contournant une concentration de ces piliers, nous tombons sur une énorme flaque d’eau un peu incongrue dans cet environnement aride et si chaud. Des têtards peuplent les lieux et vu comme le thermomètre commence à s’emballer, leur habitat va vite se réduire à peau de chagrin. Hélène n’en a cure, par contre, elle peut s’amuser à faire des jolis effets de réflexion avec ce miroir improvisé.

Les réflexions d’Hélène …

Les réflexions d’Hélène …

… Quelques fois un peu troubles !

… Quelques fois un peu troubles !

Il commence à faire vraiment chaud. Susan nous donne des parapluies qui nous offrent un peu d’ombre. On a l’air malin à 11h00 du matin à crapahuter avec nos parapluies. A vrai dire, on s’en fout, nous sommes tous seuls à nous émerveiller sur toutes ces merveilles de la nature. On se demande bien quelle main malicieuse à façonner un tel bazar. Difficile à croire que les sculpteurs se nomment eau, vent, sable et temps ! On joue un moment devant chaque monticule à imaginer ce que pourraient représenter chacune des formes : grenouille, tortue, chien, bison, ornithorynque tout le bestiaire y passe.

Va falloir m’expliquer comment c’est possible ça !

Va falloir m’expliquer comment c’est possible ça !

ALERTE PHOTO ARTISTIQUE !

ALERTE PHOTO ARTISTIQUE !

On arrive devant une espèce de gros dôme en mille feuilles, alternance de jaune et de 50 nuances de rouge. On prend un vrai coup de fouet devant cette forme arrondie, au point de rester un bon moment à la contempler comme menottés à la roche.

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En faisant le tour du dôme, on tombe sur de la dentelle de grès. Les structures enchevêtrées sont si fines qu’elles forment un maillage arachnéen au sol. On se rend alors compte de la fragilité des structures et on comprend alors mieux la nécessité de réglementer l’accès à la zone afin de la préserver.

Un petit coin de parapluie, dans un coin d’paradis …

Un petit coin de parapluie, dans un coin d’paradis …

Attention où vous mettez les pieds.

Attention où vous mettez les pieds.

Nous sommes sur place depuis 1 heure 30 environ et je m’aperçois que je commence à avoir du mal à vous raconter des choses intéressantes pour meubler l’article. On va faire une avance rapide dans le temps pour les 45 prochaines minutes et je vous laisse découvrir pèle mêle les nouvelles zones que nous avons explorées. Toujours des formes et des couleurs extravagantes. Remarquez la continuité des couleurs qui ondulent et se poursuivent parfois sur des rochers, comme si tout cela avait été mis en scène intentionnellement. Magnifique. Bon allez, je me tais.

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Vers 12h15, nous arrivons à une sorte de petite cuvette aux bords complétement striés. Susan nous la décrit comme une petite vague (en référence à The Wave que j’ai évoqué en début de l’article). C’est joli mais je suis un peu dubitatif sur la comparaison. Juste à côté, un recoin offre un peu d’ombre et de quoi s’asseoir, nous en profiterons pour faire notre lunch.

Notre guide nous propose alors deux alternatives pour la suite de la journée. Originellement, nous avions prévu de diviser notre journée entre Coyote Butte South (CBS pour les intimes) où nous nous trouvons et White Pocket. Malheureusement, la chaleur est en train de monter (il fait à ce moment-là plus de 40°) et les heures les plus chaudes sont plutôt vers 15-16 heures ! D’ailleurs, pour ses futurs clients, à partir du lendemain, les visites seront toutes avancées d’une heure histoire d’essayer de contrer la vague de canicule qui sévit en ce début juin.

Selon Susan, la visite de White Pockets sera assez intenable. Elle nous propose donc de continuer à explorer pour 2 heures la zone où nous nous trouvons, puis d’avoir un aperçu de Paw Hole, une autre partie de CBS, profitant ainsi au maximum de la zone à accès restreint pour laquelle est valable notre permis. Nous choisissons la seconde solution, et Susan conclue en disant que vu qu’on n’habite pas trop loin, on pourra toujours revenir dans le futur pour visiter White Pockets. Si elle insiste, on se sacrifiera …

Une vague un peu vague...

Une vague un peu vague…

Susan nous promet alors un détour un peu plus sportif, nous commençons à dévaler une pente de sable. Puis un petit dévers de sandstone où nous devons faire un peu attention à ne pas glisser. On arrive devant une petite structure surnommée habituellement la tour de contrôle aux formes complétement folles.  On rencontre un groupe de 4 jeunes étudiants provenant de Los Angeles avec lesquels nous engageant la discussion. En plus du permis pour CBS. Ils ont eu la chance d’obtenir par tirage au sort trois permis pour The Wave et vont donc explorer les deux sites dans la journée. Je suis un peu jaloux. Susan leur demande comment ils ont choisi celui qui n’ira pas visiter les lieux. L’un d’entre eux lève la main et explique qu’il a déjà fait trois fois la randonnée alors qu’il laisse sa place. Je suis maintenant carrément vert de jalousie ! Susan leur prodigue quelques conseils pour le reste de la journée et chacun reprend son chemin de son côté.

The Control Tower au premier plan.

The Control Tower au premier plan.

Susan nous emmène d’un pas décidé dans une espèce de corridor où les roches semblent – si, si c’est possible – encore plus torturées. Un peu plus loin, elle nous montre de très nettes traces de dinosaures qui sont fossilisées dans le sol. C’est vraiment incongru et impressionnant de retrouver cette trace du passé dans un tel lieu hors norme.

Toujours plus loin.

Toujours plus loin.

On ne croisera heureusement pas le propriétaire de ces griffes.

On ne croisera heureusement pas le propriétaire de ces griffes.

Enfin, nous arrivons vers le bouquet final de la visite. Devant nous se dresse un magnifique demi-tube strié qui regroupe toutes les couleurs que nous avons pu voir durant notre visite. Pour le coup, la dénomination de vague n’est pas usurpée, on se croirait vraiment prisonnier d’un rouleau. On reste fascinés à contempler la chose avant d’y pénétrer tout doucement,  comme si on se sentait un peu coupable de la gâcher. Nous oublions la chaleur étouffante et profitons de l’instant tout simplement.

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Epoustouflés par la beauté des lieux et bien essoufflés par la remontée pentue dans le sable, nous mettons une bonne quinzaine de minutes pour s’extirper de la petite vallée qui sert d’écrin à la vague. Connaissant maintenant les lieux, un dernier coup d’œil nous permet d’apprécier où se niche celle qui est surnommée la troisième vague. On prend une photo mentale de ce lieu si magique. Bon la photo n’est pas que mentale :

A vous de trouver l’entrée de The 3rd Wave

A vous de trouver l’entrée de The 3rd Wave

Le retour vers la voiture prend une bonne demi-heure. Nous n’avançons pas très vite, véritablement accablés par la chaleur. Pour être franc, je sors tellement groggys de cette petite marche dans le désert que j’en peine à m’en rappeler les derniers détails. Nous ne regrettons plus d’avoir choisi de faire l’impasse sur White Pocket pour avoir eu l’occasion de profiter pleinement de Cottonwood Cove. Au final, nous avons passé plus de 4 heures sur le site et vu la chaleur et surtout sa réverbération sur les roches, il aurait été dangereux de randonner plus longtemps. Au thermomètre de la voiture, on dépasse les 110 degrés fahrenheit (44°C).

Heureusement, les Dodsons sont des pros et ont tout prévu : Susan sort 3 chaises de camping qui trouvent naturellement leur place à l’ombre d’un cottonwood, puis une grosse glacière remplie de boissons énergétiques et de sodas bien frais. La pause est régénératrice et vraiment vraiment agréable.

Nous reprenons la route en direction de Paw Hole, une partie de CBS plus à l’Ouest. Après 20 minutes de conduite très sportive sur une piste de sable bien remuante, Susan gare la voiture juste avant une vertigineuse descente. On comprend pourquoi elle ne nous a pas fait prendre cette route dans l’autre sens à l’aller bien qu’elle soit plus courte. Je me demande quel véhicule et quel pilote pourrait bien venir à bout d’une telle montée.

Franchissant les vestiges d’un corral, nous arrivons à une petite mare surplombant une nouvelle rangée de tepees. Les monticules sont cette fois un peu plus foncés et ils forment une enfilade qui semble se poursuivre sur des dizaines de mètres. Nous explorons la zone durant une vingtaine de minute avant que la chaleur ne nous ramène à la raison et ne nous fasse rebrousser chemin vers l’ombre de la voiture.

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Notre retour à la civilisation s’effectue sans encombre et après un gros merci à Susan pour la journée exceptionnelle que nous avons passé en sa compagnie, nous reprenons la route. Le retour sur la balade est simple : si vous avez l’occasion, ne passez pas à côté ! C’est sûrement l’endroit le plus beau/étonnant/dépaysant que j’ai vu dans l’Ouest depuis un an et demi. Vraiment un site magnifique et qui a l’avantage d’être relativement peu connu et également peu fréquenté par la grâce du système de permis.

Nous filons donc en direction de l’Est vers un autre site mythique de l’Ouest, Monument Valley. Nous y avons en effet réservé une cabine attenante à l’hôtel The View. En passant par Page, on passe tout de même se ravitailler. Nous arrivons en un peu plus de 3  heures à notre petite maison. Mauvais surprise, si les cabines possèdent tout le confort nécessaire : lit parfait, salle de bain, petit frigo, clim, il n’y a pas de coin cuisine. Qu’à cela ne tienne, on installe le réchaud sur la terrasse pour se faire un bon petit repas (pour les curieux : spaghettis aux champignons avec parmesan et jambon italien).

Cuisine avec vue !

Cuisine avec vue !

En le dégustant, on profitera de la lumière du coucher de soleil qui se réverbère sur les 3 buttes les plus célèbres de l’Ouest, les embrasant littéralement. Un autre style de spectacle que ce l’on a vu dans la journée, mais tout aussi beau.

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Evidemment, la nuitée est un petit peu cher, environ 250 dollars. Néanmoins, la vue exceptionnelle depuis la terrasse privative du notre foyer temporaire les vaut bien. Nous sommes arrivés un peu tard, juste pour le coucher de soleil, nous profiterons donc de la journée du lendemain pour découvrir le site.

Comment ne pas passer une bonne nuit quand on se couche avec cette vue depuis le lit :

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4 réflexions sur “Désert, Canyons & Hoodoos : Au cœur de Vermillion Cliffs NM

  1. Photos à couper le souffle !!!! Merci pour cet étonnant voyage !!! Bravo à vous deux pour ces randonnées hors normes et encore merci de nous les faire partager 🙂 !!!

  2. Pingback: Trip à Kanab(bis) : Montrer poche blanche. – Mabouls de Boulder

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