Samedi 16 Septembre 2017
Nous quittons aujourd’hui la région d’Hilo et notre petite maison perdue en plein eden. Nos rencontres avec les volcans actifs nous auront laissé des souvenirs impérissables, assez pour peut-être un jour avoir envie de vivre sur une île volcanique ? Qui sait. Pour traverser l’île d’est en ouest, nous avons prévu de longer la côte sud en effectuant quelques arrêts tout au long des quatre heures de route. Au menu, un kipuka, des plages, un drame et quelques photos de locales se prélassant lascivement sur le sable chaud. Une journée qui nous en fera voir des vertes et des pas mûres !
Le début de journée marque une nouvelle incursion dans le parc national des volcans d’Hawaii. Le programme n’était pas vraiment défini pour cette étape du périple. J’avais noté plusieurs randonnées de différentes longueurs tout au long de la route, mais aussi des points de vue, des plages ou des monuments alors on se laisse guider par notre instinct en piochant dans la liste. On se laisse tenter par les premières pentes du Mauna Loa, encore un volcan différent qui forme Big Island. Pourtant, ce ne sont pas les paysages désertiques qui nous attirent mais une vraie oasis. Nous allons faire une promenade de deux kilomètres au sein d’une Kipuka, une forêt ancienne qui a été encerclée par des coulées de lave plus récente.
Nous nous engageons donc sur le sentier qui s’enfonce dans ce bosquet. La promenade, sans relief, nous promène dans une végétation assez luxuriante, comme nous la voyons depuis quelques jours. Ici, deux arbres autochtones et emblématiques de l’île sont omniprésents, le koa, une sorte d’acacia et l’ōhiʻa lehua, un cousin de l’eucalyptus ou de la myrte. Ces arbres ont deux destins bien différents, si le premier longtemps menacé par des espèces invasives est aujourd’hui sauvé, la seconde espèce s’éteint peu à peu probablement à cause du changement climatique. De nombreux panneaux botaniques documentent les espèces que nous croisons. Bon par contre, après 2 ans et demi, je ne suis plus vraiment capable de dire quoi et quoi alors vous aurez droit à seulement aux photos pêle-mêle, sans légende.
Il ne sera pas dit que notre visite de Kīpukapuaulu se limitera à des feuilles et des troncs d’arbre. Ces oasis de jungle primaire sont aussi le refuge d’innombrables oiseaux et justement, au détour d’un chemin nous croisons de majestueux faisans Kalij. Nous les observons un bon moment se faire des papouilles. Au final, nous en verrons plusieurs autres tout au long de la balade. La promenade fut très agréable, facile, verdoyante. Sans être indispensable, c’est une heure joliment employée.
Une petite demi-heure de route et nous atteignons la prochaine étape, la plage noire de Punalu’u. Comme sur Maui, nous retrouvons ces rivages ébène bien loin de l’image d’Epinal des plages tropicales dorées. L’anse, agitée d’une forte houle, est bordée de larges dalles de lave tout aussi sombre. Nous traversons main dans la main sur le sable en admirant les paysages. So Romantic.
Mais ce n’est pas que les paysages, au demeurant très sympas, qui nous attirent sur ce rivage mais bien les belles hawaïennes qui y bronzent nues ! En effet, ce lieu est connu pour la colonie de tortues vertes qu’elle abrite. Et c’est un festival, que ce soit au milieu de cette plage ou dans les petites criques attenantes, les reptiles sont partout. Les carapaces sont luisantes, leur bec est impressionnant. Nous sommes si près qu’on peut se plonger dans leurs grands yeux noirs. Ces animaux sont magnifiques de quiétude, et pas de lièvres à l’horizon ! Portraits de famille.
Nous profitons du cadre idyllique et de quelques tables en bois pour prendre notre repas. Je m’empare de mon matériel de plongée pour aller goûter à l’océan. Au bout de 10 mètres à peine, je n’ai plus du tout pied. Je mets le masque pour me retrouver nez à nez avec une tortue qui me semble immense et qui revient surement de brouter les algues qui tapissent le sol. Malheureusement, il y a pas mal de courants et des vagues trop imposantes ; l’observation tourne court. Hélène pour sa part est partie faire un tour du côté de l’étang de nénuphar qui fait face à l’océan. De belles fleurs d’hibiscus de toute couleur lui permettent de contempler son nuancier botanique. Un incontournable de cette partie de l’île, surtout si les tortues sont au rendez-vous.
Le saut de puce suivant d’une quarantaine de minutes nous permet de rester en bord de mer, à quelques centaines de mètres du point le plus méridional de l’archipel. Une petite balade d’une heure va nous mener vers une plage un peu spéciale. Pour rejoindre la plage, deux solutions s’offraient à nous, la marche ou les pickups des locaux qui s’offrent comme navette pour quelques dollars. Pour profiter des paysages, nous userons donc nos chaussures. Le sentier débute par la traversée d’un champ de lave. Nous commençons à être habitués à ces paysages décharnés, battus par le vent et sur lesquels l’océan déchaîné vient frapper les rocs déchiquetés. Mais cela reste impressionnant.
Les paysages se transforment un peu. Les sols se sont parés d’une couleur orange sous laquelle on retrouve les aspérités de la lave. Fini le chemin serpentant la lave, ce sont maintenant sur des pistes sablonneuses que nous cheminons. Nous devons laisser passer quelques 4*4 qui ont choisi la facilité motorisée et qui soulèvent des nuages de poussières irritants dans tous les sens du terme. Heureusement ce passage est de courte durée et nous arrivons sur les falaises surplombant Papakolea.
Et oui, contre toute attente, la plage est verte. Les falaises d’olivine (minéral couleur olive) qui la surplombent s’effritent sous l’effet des vagues. Comme on peut le voir sur les photos, le réservoir est limité on peut imaginer que la durée de vie des lieux sera réduite. Nous descendons par un chemin un peu glissant jusqu’à l’eau avant de nous y glisser. Même de près la couleur est vraiment verte. Alors que nous jouons dans les vagues, Hélène aperçoit une tortue sous l’eau. Pour blaguer, je propose de nous prendre en selfie avec elle. Je mets la main dans ma poche pour faire croire que je sors mon téléphone et j’en sors … mon téléphone. Il ne survivra pas à la noyade mais par chance, une fois de retour à Boulder, j’arriverai à retrouver mes photos. Paix à son âme …
La mésaventure de mon téléphone fait que le retour est un peu morne. Je rumine dans ma barbe mal taillée des noms d’oiseau envers moi-même. Du coup, à la place d’une heure à l’aller, on met à peine trois quarts d’heure au retour. Et comme un mauvais choix n’arrive jamais seul, nous choisissons d’aller regarder le point le plus au sud de l’île et du pays plutôt que de rejoindre une des plages que j’avais repérée pour le coucher du soleil. South Point est en fait des falaises orangeâtes qui se dressent au-dessus de l’océan. Une fissure dans la roche permet d’attendre une grotte dans laquelle s’engouffre l’eau de mer. Des gens s’amusent à sauter cette dizaine de mètres mais au-delà de l’exploit de ses inconscients, les lieux ne sont pas très beaux, sales, inhospitaliers. Nous ne restons pas très longtemps mais comme je viens de le dire, cela nous coûte un coucher de soleil sur la plage. Sur une dizaine de jour de vacances, cela n’est cependant pas un gros raté !
L’exploration de la côte sud de Big Island se termine un peu en eau de boudin. Pourtant elle avait bien commencé. Les plages noires, vertes, les tortues sont sans conteste les moments forts de notre journée. Et il serait dommage de faire l’impasse quand il s’agit de visiter cette partie de l’île.
Enfin, Hélène pour calmer son mari grognon en fin de journée m’amadoue par mon point faible : la nourriture. Et c’est devant un immense bateau rempli de succulents sushis (Sushi Shiono à Kailua Kona) que nous terminerons notre périple.