Mardi 12 Septembre 2017
Cette journée débute par un incroyable quiproquo. Je pensais naïvement que nous allions en expédition ornithologique pour observer des nénés sur Molokini Crater. Grande fut ma peine, lorsque le N se changea en L avec lequel mes espoirs s’envolèrent. La prochaine fois, j’irais à Grand Téton.
L’esprit encore embrumé par ma méprise, je conduis néanmoins au lever du jour, notre jeep en direction de l’embarcadère de Kihei. Nous observons le côté ouest de l’île que nous ne visiterons pas. Le vieux volcan est impressionnant sous la lumière de l’aube. Après une quarantaine de minutes, nous rejoignons notre équipage.
Le bateau, de la compagnie Seafire Charter est sans fioriture, une vedette sans commodités mais dont l’avantage est qu’elle quitte la côte depuis le point le plus proche du Molokini Crater. Cela nous promet donc une navigation rapide et un accès privilégié aux lieux de plongés qui seront juste pour nous pour quelques dizaines de minutes. Nous sommes accompagnés par une jeune plongeuse qui nous guidera pour les détails pratiques du snorkeling (plongée avec tuba et palmes) mais aussi nous présentera la faune et l’écosystème de l’atoll. Nous nous plaçons sur la plage arrière du bateau, au soleil. La mer est d’huile et la croisière se fait sans trop de remous. Le pilote s’en donne à cœur joie en poussant les moteurs au maximum pendant trois quarts d’heure.
Le premier site de plongée se trouve au cœur du demi-cratère de Molokini. C’est protégé au centre du croissant de terre que les récifs coralliens se sont développés et que de nombreux poissons y trouvent refuge. De notre groupe d’une vingtaine de plongeurs, nous sommes les premiers à nous jeter à l’eau. C’est partit pour une exploration des fonds marins.
La piscine dans laquelle nous nous trouvons est totalement à l’abri des courants. Rester en stationnaire ne présente aucune difficulté. La qualité des coraux est assez exceptionnelle. De nombreux poissons de toutes tailles se faufilent dans les quelques mètres d’eau qui nous séparent du fond. Je ne suis pas poissonnier, ni spectateur assidu de thalassa alors je vais éviter de vous raconter des bêtises en nommant les espèces que nous rencontrons. Néanmoins, le menu est copieux et varié.
Notre quiétude relative est troublée par les énormes bateaux qui déversent avec nous des flots de plongeurs amateurs dans l’atoll. La plupart sont équipés de bouées et restent sagement autour de leur moyen de transport. Pour ma part, je me la joue Jacques Mayol ( 😉 ) et cherche à observer de plus près les fonds marins dans des sessions d’apnées plus ou moins longues. Hélène, équipée de la dernière génération de masque de surface de Decathlon préfère observer à distance. Après une grosse heure, les membres de notre groupe, atteints par la fatigue commencent à converger vers notre navire. De toute manière, la densité de snorkeleur est bien trop haute pour que la baignade soit agréable. La pilote nous emmène alors de l’autre côté du cratère pour explorer un environnement différent et un peu plus éloigné de la foule.
Le site dans lequel nous plongeons est assez différent. Juste sous la falaise qui nous surplombe, le plancher marin s’enfonce presque à pic vers les abysses. Des poissons un peu moins colorés et un peu plus gros habitent les lieux. Le corail tapisse ce mur et s’enfoncer un peu sous la surface permet de dénicher pas mal des habitants dans les aspérités de la paroi. La plongée est rendue plus épuisante par le ressac incessant de la houle. Pour moi qui suis plutôt un bon nageur grâce à mes étés aux bords du lacs d’Annecy, cela ne pose pas trop de problème. Par contre, pas mal de monde dans le groupe écourte cette sortie en étant un peu fatigués.
Le départ du cratère immerge nous donne l’occasion d’apprécier à quel point l’endroit est populaire. C’est une véritable flottille de navires qui déverse son trop plein de touristes dans les eaux protégées. On comprend les restrictions qui ont cours pour essayer de préserver l’environnement et les fragiles coraux (notamment interdiction de mettre de la crème solaire). Tout en s’éloignant, on se dit qu’on est vraiment satisfait d’avoir rogné un peu sur notre confort pour profiter d’un bateau plus petit, rapide et surtout dont le départ matinal nous a procuré un minimum de quiétude.
Nos guides nous font distribution de sodas, de snacks et d’ananas frais pendant le trajet du retour.
Elles en profitent pour parcourir avec nous des plaquettes sur la faune aquatique et essayer d’identifier les espèces rencontrées : poissons soldats, balistes noirs, poissons papillons, poissons chirurgiens ou encore langoustes. Cette liste n’est qu’une petite partie d’un bestiaire impressionnant.
Pendant ce temps, nous longeons la côte sur les flancs verts du volcan.
La dernière étape de cette mini croisière se déroule à quelques centaines de mètres seulement de Kihei, notre jetée d’attache, dans ce qui est trivialement appelé une station de lavage de tortues. Ces portions entre deux récifs de coraux sont les endroits que les reptiles marins affectionnent pour se poser au fond de l’eau, attendant qu’une myriade de petits poissons vienne nettoyer leur carapace des algues qui les colonisent. Nous sommes ici à la recherche des Honu, ces tortues vertes de mer qui habitent en grand nombre les côtes hawaïennes. D’une longévité approchant les 80 ans, ces reptiles essentiellement omnivores sont considérés comme une espèce en danger, même si, les efforts de protection font que la population générale est de nouveau en augmentation. Les guides dans le bateau nous promettent 50 % de chance d’en voir dans ces lieux. On se jette à l’eau pour voir si la chance est de notre côté.
Assez rapidement, nous délogeons un petit requin qui rodait dans les fonds marins. Il détale sans trop demander son reste.
Vient ensuite un peu d’attente, toute relative puisque les coraux et de nombreux poissons habitent les environs. C’est un peu plus profond qu’à Molokini avec une visibilité moins impressionnante. C’est qu’on devient difficile après les eaux pristines du cratère. Puis, après une quinzaine de minutes de recherche, c’est une puis deux honu qui se présentent à nous. Tantôt reposant sur le sable, tantôt planant dans l’onde, on observe une seconde fois leur majestueux vol. Une chance immense et un émerveillement total.
Pas trop de suspens, nous avons adoré cette sortie en mer. Si l’on sait faire abstraction de son côté un peu surpeuplé, le Molokini Crater offre tous les ingrédients d’un snorkeling aisé et exceptionnel. Visibilité parfaite, peu de courant, coraux en très bon état, multitude de poissons. Avec Seafire Charter, pour 70$ cash sur place par personne, sortie à réserver par téléphone, nous avons eu l’opportunité – grâce à un départ matinal de profiter d’un bon moment de tranquillité dans l’eau. Si le confort n’est probablement pas comparable avec les yachts de la concurrence, le faible temps de mer et la compétence du staff compensent largement les petits désagréments. Si en plus les tortues sont au rendez-vous, que demander de plus ?
Sans transition, c’est un autre genre d’excursion que nous effectuons. Après tant d’effort, quelques rafraichissements s’imposent et c’est dans la salle de dégustation flambante neuve de Maui Brewing que nous allons déguster quelques bières du cru. Un food truck propose des burgers devant le bâtiment, parfait pour se remplir le ventre. Il faut dire que le snorkeling, ça fatigue et ça creuse énormément. Bières de qualité, assez légères en goût comme en alcool ce qui va assez bien avec la chaleur. On profite de ce retour à la civilisation pour faire un peu de shopping et je ressors des boutiques avec un beau short de bain bleu aux motifs fleurs hawaïennes.
Si l’on excepte le doré de la bière, la journée a été assez monochromique, tournée vers le bleu. Nous allons pour cet après-midi nous appuyer sur cette teinte tout en coloriant les paysages. C’est donc au bord de mer, sur la côte au sud de Kihei que nous allons divaguer de plage en plage. Tout au bout de la route, bordant le champ de lave marquant la dernière coulée connue de l’île datée par des témoignages aux alentours de 1750, la baie de La Pérouse déploie ses eaux d’un bleu intense. Nommée en l’honneur du célèbre compte explorateur français, s’étant rendu coupable de la découverte et la cartographie de l’île en 1786, cette large baie est connue pour contenir une riche vie aquatique (coraux, poissons, tortues, dauphins). Encore fatigués par la plongée du matin et refroidis par une mise à l’eau qui semble périlleuse, nous nous contenterons de faire quelques centaines de mètres sur le chemin côtier qui la borde.
Un sentier nous permet de nous enfoncer dans le champ déchiqueté de lave pétrifié. La végétation est presque inexistante et nous cheminons sans aucune possibilité de nous soustraire à l’astre solaire. Les roches noires s’enfoncent littéralement dans la mer qui les sculpte et forment des fissures, des arches, des trous dans lesquels les flots s’engagent en fonction de la puissance du ressac. Nous assistons à quelques explosions d’écumes spectaculaires.
A la large étendue sombre se succède une collection de petites criques fermées par des bras de lave. Ce qui est assez étonnant, c’est que la couleur du sable qui borde l’océan change du tout au tout. Nous longeons pendant une quinzaine de minutes, nous sommes alors à la lisière d’une petite forêt où nous croisons, surprise, un troupeau de biquettes en liberté. Sous un soleil assez accablant et sans possibilité de se mettre à l’ombre, nous choisissons de rejoindre notre voiture en profitant du paysage.
La suite de la journée, c’est donc une itinérance en remontant vers le nord. Le premier arrêt est pour Secret Cove (aussi appelée Pa’ako beach). Nous garons notre véhicule le long de la route. Une petite ouverture dans un mur de pierre permet de pénétrer dans la plage. Réputée comme un spot de photo de mariage, il faut dire que la petite crique est idyllique. Sable fin, blocs de lave affleurant à la surface de l’eau, palmiers. L’impression d’être dans un petit paradis privé est omniprésente. On se pose quelques minutes sur le sable, une fois encore, la rentrée dans l’eau n’a pas l’air évidente, on choisit d’aller un peu plus loin pour mouiller nos maillots de bain.
Nous continuons notre périple toujours plus au nord, et cette fois-ci, nous comptons bien profiter des eaux océaniques. Nous choisissons de « visiter » l’une des plages les plus emblématiques de l’île Big Beach. Un large parking nous accueille et après une marche d’une poignée de minutes, nous débarquons sur cette large étendue de sable doré bordée de palmiers sans aucune construction humaine à l’horizon. L’eau, limpide est propice à la baignade avec du sable fin pour ne surtout pas blesser vos orteils. D’ailleurs en cas de blessure, pas de panique, les maitres-nageurs dans leur cabine de plage scrutent les lieux. On se prélasse un bon moment dans l’eau chaude ou sur la serviette. A noter qu’une petite colline permet de rejoindre Little Beach, la plage petite sœur de la nôtre, où les maillots de bain sont facultatifs. Avis aux amateurs.
Avant de rentrer, pour profiter d’un beau coucher de soleil et d’un peu plus de vie sub-aquatique, nous choisissons d’aller effectuer un dernier arrêt. C’est cette fois-ci, Maluaka Beach qui remporte les suffrages. Un large parking au nord de la plage, juste en face d’une charmante église blanche, nous attend. Ici encore, les conditions sont idylliques, sable fin, palmiers et récifs de coraux. L’environnement est par contre un peu plus urbain.
Nous ne perdons pas trop de temps et fonçons vers l’extrémité sud de la plage. Une avancée de lave et quelques récifs de coraux forment un endroit propice à un peu de snorkeling. Les eaux sont un peu plus troubles que ce matin, avec quelques vagues supplémentaires mais les conditions sont quand même excellentes. En plus de coraux aux formes et couleurs éclatantes, nous rencontrons quelques poissons et surtout, avons encore l’opportunité de nager avec deux tortues. Il faut dire que c’est une plage connue pour être lieu de villégiature des reptiles marins, et que nous l’avions choisi en conséquence.
Deuxième jour de suite avec tortues à foison, on est vraiment chanceux pour le moment dans nos plongées. Hélène est rentrée un peu avant moi sur le rivage, elle me saisit sur la pellicule alors que je la rejoins, mes palmes à la main. Avec une plage qui regarde l’ouest, on ne peut faire autrement que d’admirer le coucher de soleil qui embrase l’horizon. Malgré une petite bande de nuage, c’est une belle manière de terminer notre dernière journée sur Maui.
Nous retournons à la nuit tombante vers notre hébergement, l’occasion de faire un petit mot dessus puisque je ne l’ai pas encore fait. Situé sur les hauteurs, dans le village de Kona, nous avons occupé pour 3 nuits le rez de chaussée d’une belle maison bleue. Le quartier, résidentiel, est super calme, le logement avec une belle cuisine et un lit très confortable. En prime, un jacuzzi avec vue sur l’océan dont nous n’avons pas vraiment profité. La manœuvre pour se garer est assez délicate (en marche arrière avec un virage dans un fort pourcentage négatif), mais la propriétaire est disponible pour offrir ses talents de pilote.
La journée sous l’océan, ça fatigue. L’excursion vers le Molokini Crater est à mon sens un indispensable. Nous avons également bien aimé notre tour des plages même si il est difficile de les sélectionner tant elles sont nombreuses. La Perouse Bay est un bel endroit mais un peu à plat après une matinée dans l’eau, nous n’en avons probablement pas profité à sa juste valeur. ½ journée de plus pour espacer et profiter de la côte au sud de Kihei aurait peut-être été bienvenue.
Quoi qu’il en soit, demain, nouveau lever aux aurores pour embarquer sur un vol vers Big Island, la plus grande île de l’archipel d’Hawaii.