21 Novembre 2016
Il y a comme un air de Mission Impossible lorsque le réveil sonne. Il est 4 heures du matin : drôle d’heure pour se lever pendant les vacances, et l’on n’a même pas l’excuse du décalage horaire. La raison, c’est que nous devons à tout prix arriver de bonne heure à Big Bend NP.
La saison touristique dans ce parc débute autour de Thanksgiving (dû aux températures infernales entre mars et octobre) et nous sommes précisément au premier jour de cette période. Les zones réservables des campings ont été prises d’assaut et nous n’avons pu avoir une place en avance. Nous sommes donc à la merci du 1er arrivé, 1er servi pour notre emplacement des trois prochains jours. Nous avons appelé les rangers du parc quelques jours plus tôt et ceux-ci nous ont conseillé d’arriver avant 9 heures.
Me voici donc en train de parcourir les routes du Texas, de nuit, alors que les autres finissent leur nuit dans la voiture. La route se passe bien et il est environ 7h30 lorsque nous atteignons l’entrée du parc. Le soleil est en train de se lever et les lumières sont magnifiques sur le désert du Chihuahua.
Il nous reste cinquante minutes de route jusqu’au Chisos Basin Campground, notre objectif principal pour trouver un emplacement. Il est environ 8h30 lorsque nous nous garons à l’entrée du camping et nous dispersons pour essayer de trouver un emplacement vide. Par chance, quelques personnes sont en train de partir et nous sautons sur l’occasion pour préempter les lieux. Nous montons les tentes et débarquons nos affaires. Peu après 9h00, la pression diminue enfin devant un bon petit déjeuner.
Rassasiés, nous redescendons du nid d’aigle que constitue le Chisos Basin afin de découvrir la partie est du parc au niveau du Rio Grande. Le petit massif montagneux est totalement enclavé dans l’immense parc qu’est Big Bend, une particularité dans le réseau des parcs nationaux. C’est une vraie île de terres fertiles perdues au milieu du désert du Chihuahua que nous ne privons donc pas de photographier sur le chemin.
Notre route nous amène à travers des paysages désertiques où toute la végétation semble ramassée au ras du sol. La nature fait la part belle aux espèces qui n’ont pas peur de ce climat aride et ce sont sans surprise les épineux que l’on retrouve en plus grand nombre. Notre premier arrêt au Rio Grande Overlook, s’il nous offre une belle première vue sur la rivière nous permet avant tout d’avoir un aperçu de toute la variété des cactus qui survivent sur ces terres. En voici quelques exemples, histoire de justifier un peu d’un titre de road trip qui ne manque pas de piquant …
Nous arrivons au Rio Grande Village, c’est un bourg constitué d’un visitor center, d’une station essence, d’une petite boutique et de deux grands parkings. Situé comme son nom l’indique au bord du fleuve, il nous permet de parcourir les berges via un petit sentier d’environ 1 kilomètre, le Rio Grande Village Nature Trail. Il parait que c’est parfait pour observer les oiseaux et les animaux en fin de journée. Pour le coup, à bientôt midi et sous un soleil bien chaud, nous n’aurons pas cette chance. Le sentier s’enfonce dans un secteur un peu marécageux et humide, pas de crainte pour vos semelles, les passages boueux se survolent sur des pontons de bois.
Alors que nous entamons notre randonnée, un étrange étalage apparaît devant nous. Des petits animaux en perles, des bâtons de marche joliment décorés attendent de trouer acquéreur. Cet artisanat provient du village mexicain voisin de Boquillas, pour une poignée de dollars à placer dans les bouteilles, vous pourrez repartir avec un scorpion ou un road runner fait main. Les mexicains passent la frontière – illégalement – en traversant le fleuve à dos de cheval matin et soir pour exposer ou récupérer leur dus. Après tout, nous sommes littéralement à un jet de pierre du Mexique.
Attention, acheter ces petits objets revient à faire de la contrebande et c’est une action bien entendue illégale.
Les visites du jour sont centrées sur le fleuve et justement, une fois passée une forêt de roseaux, nous foulons enfin les plages de sable du Rio Grande. Un nom qui fait rêver pour tous les amateurs de western, de Lucky Luck, des films où les cowboys traversent la frontière pour sauver des jeunes filles capturés par les apaches ou récupérer les lingots volés par des despérados mexicains (bonjour les clichés). En vrai, le fleuve n’est pas très impressionnant. En largeur, il occupe tout au plus une dizaine de mètre. Mais c’est une vraie surprise de le trouver là après tous les paysages désertiques que nous avons traversés.
Le petit sentier continue et s’éloigne un peu du cours d’eau. Nous escaladons une petite colline et la vue s’ouvre sur le Mexique, de l’autre côté de la frontière. J’ai une furieuse envie de manger des Pepito ; de siroter un marguerita en chantant du Luis Mariano. Aie caramba !
Alors que nous arrivons au sommet du promontoire, nous distinguons de l’autre côté un village aux habitations chamarrés. Il s’agit de Boquillas Del Carmen, un village mexicain d’environ 200 habitants. Il existe en effet au cœur de Big Bend un poste frontière qui permet au touriste de pénétrer sur le territoire voisin par un pont. Ce passage, dont la fermeture entre 2001 et 2013 a failli réduire Boquillas au rang de ville fantôme, permet aujourd’hui au villageois de profiter du tourisme via les dollars qui traversent la rivière. Nous ne tenterons malheureusement pas l’expérience, il y a déjà beaucoup à faire dans le parc.
Nous profitons d’un espace de picnic pour prendre notre repas bien mérité. Avec sa grande pelouse à l’ombre de grands arbres, Daniel Ranch offre un répit bienvenu au bord du fleuve. Nous sommes bordés par les roseaux et à chaque bouchée, nous attendons à voir sortir des javelinas. Ces petits sangliers gourmands aiment bien agresser les touristes pour leur voler leurs victuailles. Heureusement, nos sandwichs ou salades restent sains et saufs.
Le Rio Grande forme la frontière sud du parc. C’est même lui qui lui donne son nom. La « big bend » ou grande courbe est celle de 200 kilomètres que forme le fleuve entre deux canyons Santa Elena Canyon que nous visiterons demain et Boquillas Canyon, notre prochaine destination.
La randonnée, d’une longueur de 2,2 kilomètres sans grosse difficulté commence par une courte ascension qui offre une vue dégagé sur le fleuve avant qu’il ne s’engage dans le canyon.
Alors que nous redescendons, un mexicain joue des airs de musique traditionnels à la guitare en pleine nature, à l’ombre d’un petit bosquet. C’est une star locale toléré par les rangers à condition que lui aussi retraverse le fleuve à la nuit tombée. Une dernière petite plage et nous nous enfonçons entre les deux hautes falaises claires.
Un petit chemin longe la falaise du côté étasunien. On remarque une étrange ouverture présentant des cristaux de quartz à même la roche.
Coté rivière, se prélassant sur une pierre au milieu des courants, une tortue de Big Bend, espèce en danger, se laisse observer. C’est l’un des rares animaux sauvages que l’on verra aujourd’hui, avec un road runner, l’oiseau des dimanches soir devant Ça Cartoon qui passe son temps à narguer le coyote. Le volatile, comme sa version animée, est bien trop rapide et ne s’est pas laissé photographier.
Nous retournons sur la petite plage où, avec Martin, nous décidons de tâter les eaux fraiches du Rio Grande. Même en plein novembre la baignade fait du bien. Nous traversons le fleuve à la nage et posons rapidement le pied au Mexique, il ne s’agit pas de se faire attraper par la douane ! Il parait que des caméras sont cachées tout au long du fleuve, pour le coup, nous n’avons pas vu d’hélicoptère débarquer, ouf.
La journée se finit tranquillement avec la route du retour et une soirée sous les étoiles au camping. Nous sommes là pour 3 nuits alors nous comptons bien profiter au maximum du parc. Après la journée autour de la rivière, c’est le désert du Chihuahua qui occupera demain une bonne partie de notre temps.
Bravo Hélène et Floran !! vous me donnez encore envie de découvrir un endroit qui n’était encore pas dans ma to do list !!!
Wouawww on en prend plein les yeux … superbe