28 mai 2016
Enfin, les vacances pour nous deux !
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous allons profiter de ce temps libre pour fêter mes 25 ans. C’est parti pour une semaine sur les rectilignes routes de l’Utah et de l’Arizona, dans leurs parcs aux noms mythiques, à admirer, ébahis, leurs extravagances géologiques. Près de 2200 miles (soit plus de 3500 kilomètres), une grosse douzaine de randonnées, 9 jours de voyage, 6 campings, 5 parcs nationaux, 3 barbecues et une cheville en moins. Nous vous invitons à monter dans notre Subaru Outback pour parcourir aux côtés de Jeff les pistes qui nous ont menées entre Déserts, Canyons et Hoodoos.
Nous sommes partis la veille directement après une in-ter-mi-na-ble journée de travail. 4h30 de route sous le jour déclinant nous auront menés jusqu’à Fruita, à la frontière du Colorado et de l’Utah. Nous avions réservé une chambre au Balanced Rock Inn, un motel familial très bien tenu au porte du Colorado National Monument. On ne s’attarde pas trop ce matin et nous reprenons la route en direction de l’Utah sur l’Interstate 70. Nous sommes impatiens de commencer les vacances. Cela tombe bien, dès la frontière du Colorado passée, on a le droit de rouler 10 miles/heures plus rapidement. Ici même les limitations de vitesse dépendent de l’état.
Notre première étape, c’est Little Wild Horse Canyon, un canyon en fente ou slot canyon qui se faufile au sein du massif de San Rafael. En ce week end prolongé du Memorial Day, pas mal de familles se sont donnés rendez-vous. Bien qu’ayant atteint un niveau honorable en américain, notre accent frenchy nous fait remarquer d’une famille franco-américaine venant de Salt Lake City, la capitale de l’état. Nous débutons une conversation et la promenade avec eux. Une petite marche d’un quart d’heure au milieu du désert mais sous une température supportable nous amène jusqu’à l’entrée du canyon. Ci et là quelques fleurs ont écloses. Des arbres encore verdoyants offre même un peu d’ombre pour les inévitables pauses techniques de départ de randonnée : Tu me mets de la crème solaire ? Pfft, tu penses que je dois garder les jambes du pantalon ? Elles sont où mes lunettes de soleil ? Mais où est donc or ni car ? Est-ce qu’on a pris les adresses de tout le monde pour les cartes postales ?
Nous nous présentons rapidement à l’entrée d’abord du slot canyon. Nonobstant une forte fréquentation, le fait que la randonnée soit facile permet à tous d’avancer à la même vitesse, évitant les congestions. Quelques rochers probablement tombés depuis le plateau parsèment le chemin et nécessitent parfois quelques acrobaties aisées.
Les parois du canyon sont d’une douce couleur rosée. Elles sont constituées de la pierre emblématique de cette région, la Navajo Sandstone, ou grès de Navajo, dont l’aspect et la granulosité font penser aux béotiens en géologies que nous sommes qu’il s’agit d’une espèce de sable compressé. L’étroit couloir que nous parcourons a été formé par l’eau au travers des siècles. Il ne faut pas croire que les flots ont laissés ces parois lisses : une multitude de stries, de cavités viennent décorer les murs du canyon, nous laissant parfois dans la plus profonde perplexité quand à leurs origines.
D’un coup, la luminosité commence à baisser : les falaises autour de nous se rapprochent inexorablement, obturant le soleil. Le chemin se fait étroit au point qu’il devient difficile d’y cheminer de front. Quelques flaques, résidus d’un orage récent nous font réaliser à quel point les risques d’inondations éclaires (flash floods) sont grands lorsque l’on randonne dans un slot canyon. Heureusement pour nous, le soleil brille et par la mince ouverture vers les cieux, nous ne distinguons aucun nuage. Faisant fi du fait que la fente soit bien mouillée, nous y pénétrons vigoureusement. Nous marchons sur de petits rochers au milieu d’une eau peu profonde un peu à la manière de grenouille bondissant de nénuphars en nénuphars. Loin d’être rectiligne, le trajet est tout en courbe, l’étroit boyau formant un enchainement surprenant de S où au sol, il y a parfois à peine la place de poser sa chaussure. On a vraiment l’impression de s’enfoncer dans les entrailles de la Terre.
Un obstacle plus élevé que les autres dans un endroit étroit nous oblige à faire un peu d’escalade et l’aide de promeneurs arrivant dans l’autre sens sera la bienvenue. Nous approchons de la fin du canyon après avoir parcouru une distance de 3 kilomètres en un peu plus d’une heure. Les parois s’espacent de nouveau et nous choisissons de rebrousser chemin, les parties les plus spectaculaires de la randonnée étant dépassées. Cela ne nous empêchera pas d’admirer au retour des détails que le sens de la marche nous avait cachés à l’aller.
Pour résumer, ces 2 heures de randonnée sans difficulté valent vraiment le détour et ont été une mise en bouche intéressante dans ce début de périple. Niveau pratique, il y a des toilettes au départ du trail mais pas d’eau, alors prenez vos précautions. Le chemin pour accéder au parking est une piste parfaitement praticable avec tout type de voiture. Une boucle de 13 km est possible couplant la traversée du Little Wild Horse Canyon avec celle du Bell Canyon, il faut alors prévoir une demi-journée.
Week end prolongé oblige, le canyon est assez fréquenté mais rien de pénible non plus. Les gens sont souriants, heureux d’être là et engagent facilement la conversation ce qui est assez agréable. Cela permet de supporter les rares moments d’attente lorsque les parois sont trop étroites pour que l’on se croise. On recommande donc avec enthousiasme la halte à Little Wild Horse Canyon. Pour ne pas gâcher le tout, sur la piste qui nous emmène à notre lieu de pic nic, nous croisons un petit troupeau d’antilope d’Amérique ou Pronghorn qui paissent paisiblement au bord de la route. Une nouvelle espèce sauvage dans notre bestiaire américain !
Nous n’avons que quelques minutes de route à effectuer pour accéder à la deuxième étape du jour. C’est un petit parc d’état qui nous as semblé idéal pour une pause repas d’une grosse heure, faire une petite balade et pour remplir les gourdes :
Dans un environnement unicolore, Goblin Valley est un tout petit parc articulé autour d’une vallée. Une fois la taxe d’entrée acquittée ($13), la route s’élève brutalement sous le regard inquisiteur des 3 juges
Nous arrivons ensuite en bordure de la vallée et dégustons nos sandwichs devant l’attraction des lieux. Dans ce paysage aride, ocre, presque martien, se niche une étonnante armée. Des dizaines de hoodoos ou cheminées de fée se dressent devant nous, longues colonnes à l’air si friable surmontées de gigantesques pierres.
Chose intéressante, on peut ici se promener au milieu des formations géologiques, tourner autour, les escalader sans limite à condition de ne pas les dégrader. Il n’y a pas vraiment de chemin défini et nous passons une grosse demi-heure à laisser vagabonder notre imagination devant les formes extravagantes. Hélène la photographe n’est pas en reste et prend un mâlin plaisir à tirer le portrait aux gobelins ! Un orage en approche nous force à écourter notre visite et à laisser cette armée minérale retourner dans son univers fantastique.
Après s’être délesté de quelques dollars au Visitor Center pour l’inévitable magnet et des sodas bienvenus vu la chaleur ambiante, c’est sous une pluie torrentielle que nous nous dirigeons vers la troisième étape de la journée. Avant cela, nous faisons une pause essence insolite dans le petit village de Hanksville.
En ce milieu d’après midi, nous arrivons dans le parc national qui va nous occuper pour cette fin de journée et pour le lendemain, le
Ce parc, tout en longueur, a été constitué pour préserver le Waterforld Pocket, un plissement rocheux qui a su formé d’étonnants reliefs multicolores. Au sein de ces paysages minéraux, désertiques, torturés (les adjectifs me manquent) se trouve une oasis de verdure. Fruita est un ancien village mormon renommé pour ses vergers. C’est ici que se trouve le visitor center. Nous nous arrêtons pour demander au ranger quelle activité il nous propose pour les 3 heures qui viennent et pour nous enquérir de l’état de la piste que nous allons pratiquer demain (oh le suspens) ! Le ranger nous propose de faire la route scénique du parc, un piste longeant de magnifiques falaises, arrêtes et autres pitons rocheux sur une dizaine de kilomètres.
Cette route scénique se termine par une piste bien roulante qui s’enfonce dans la Capitol Gorge. Les falaises enserrent alors la mince bande de terre damée, une sensation d’écrasements nous prend alors tant les roches qui nous entourent sont immenses. Néanmoins, c’est de l’émerveillement et non de l’angoisse qui nous saisit tant les couleurs et les formes de la roche sont variées. La piste se termine en cul de sac et nous continuons à pied pendant une grosse demi-heure dans le canyon.
Sur les murs de pierre, on peut voir des graffitis de touristes indélicats (voir idiots), des pétroglyphes déposés là par les indiens ou des traces des passages des premier pionniers qu’ils soient mormons, cowboys ou les deux.
Nous rebroussons chemin vers la sortie du parc. Il est alors 18 heures passées, le ciel s’est dégagé lentement et le soleil commence à se coucher. La lumière fuyante, légèrement rouge, se met alors à embraser les roches de la Waterfold Pocket. Les contrastes, les formes sont encore plus saisissantes. Nous refaisons une pause à tous les points de vue pour reprendre des photos et profiter sous un jour nouveau des paysages.
Nous ressortons du parc en direction de Torrey sans nous arrêter dans cette petite ville plus utilitaire que charmante. Nous nous engageons pour une dizaine de miles sur la magnifique route UT12 que nous allons parcourir d’ici quelques jours. Alors que la route s’élève, les paysages deviennent plus verts, plus alpins, nous rappelant sans conteste ceux devenus notre terrain de jeu au Colorado. Nous stoppons au Singletree Campground où nous allons passer les deux prochaines nuits. Nous installons notre campement sous les pins. Rapidement, un repas simple mais revigorant est engloutis. En altitude, il fait frisquet et alors que la nuit tombe nous lançons un feu pour nous réchauffer. Fourbus mais content, nous pouvons alors nous poser confortablement dans nos chaises de camping. Mieux qu’un cinéma, nous profitons du spectacle incroyable d’un ciel étoilé qu’aucune lumière ne trouble.
La journée aura été bien remplie avec pas mal de route et de découvertes, chaque endroit ayant sa propre personnalité. Bien qu’en climat désertique chaud et aride, nous sommes encore au printemps et la relative sècheresse laisse tout de même s’épanouir de petites fleurs dont les touches de couleur auront égayées notre journée. Ma photographe préférée s’en est donnée à cœur joie et en cette veille de fête des mères, cela nous permet d’offrir à nos mamans un petit bouquet :
Magnifiques photos, ça donne envie d’y aller 🙂 !!!