26 novembre 2015
San Francisco peuple l’imaginaire de chacun tant cette ville a imprégné la culture populaire : Jack London, Jack Kerouac et la Beat generation, les hippies, le Summer of love, Harvey Milk, Bullit et l’inspecteur Harry, la maison bleue sur la colline ou le pont rouge sur la baie. San Francisco est la capitale de toutes les contres cultures. En apprenant que Maïca, une amie d’enfance d’Hélène et son mari Mathieu ont déménagé à Berkeley, dans la banlieue de SF, nous avons sauté sur l’occasion du week end de 4 jours de Thanksgiving pour découvrir Frisco et la côte californienne qui l’entoure.
Arrivés de nuit à l’aéroport après seulement 2h30 de vol, la traversée de la ville via l’autoroute ne nous apporte pas vraiment de vue intéressante sur la cité si ce n’est de remarquer qu’on se croirait dans un verger tant les pubs pour Apple pullulent ! Une manière de rappeler qu’aujourd’hui, SF et sa Silicon Valley sont le cœur de l’économie numérique. Il nous faut donc attendre le lendemain matin et pousser jusqu’au campus de Berkeley, pour découvrir, au pied du bureau de Maïca, une vue englobant toute la baie de San Francisco.
Nous empruntons le BART (le petit nom du métro local) afin de nous rendre dans le centre ville. Enfin, l’un des centre villes. Ce qui rend San Francisco si particulière, c’est le fait que chaque quartier a sa propre personnalité, sa propre ambiance, sa propre communauté. D’une rue à l’autre, on change totalement d’atmosphère en une fraction de seconde.
Dans un premier temps, nous émergeons de terre au milieu de grattes ciels au sein du quartier d’Union Square. La plupart des boutiques au premier étage sont fermés, demain, c’est le Black Friday, le jour des soldes aux Etats-Unis et on peut voir derrière les devantures, s’affairer les marchands pour préparer l’événement. Nous arrivons rapidement à Union Square où un petit détail nous rappelle que Noël approche à grand pas : saurez-vous le trouver sur cette photo ?
Dès la sortie du métro, on rentre dans le vif du sujet : les rues en pente ne sont donc pas une légende. Heureusement, une année passée à 1600 mètres d’altitude nous a assez oxygéné le sang pour gambader gaiement sur ces collines. Fort de ce dopage naturel, nous avons en effet préféré suivre à pied les fameux « cable car ». Il faut dire que nous avons surtout été échaudés par la queue au départ de ces vénérables tramways.
Premier changement de quartier et changement d’ambiance. Les boutiques luxueuses laissent placent aux échoppes asiatiques. Nous entrons dans le Chinatown de San Francisco et le moins que l’on puisse dire c’est que son nom n’est pas usurpé !
Établi dans la ville depuis 1948, le quartier est vraiment à la frontière des deux cultures, d’ailleurs, même les panneaux de signalisations sont écrits en anglais et en chinois. Les boutiques de souvenirs en tout genre côtoient ici les magasins d’épices ou de légumes asiatiques. Dépaysant à souhait et bien plus rapide qu’un vol Trans pacifique même si parfois, il faut avouer que ça fait un peu toc …
Changement de rue et de nouveau nous changeons d’ambiance. Nous nous retrouvons dans le quartier de North Beach. Ici, les pizzerias, trattoria et autres osteria nous transportent directement en Italie. La diaspora italienne s’est en effet rapidement retrouvée ici après la seconde guerre mondiale et d’illustres noms comme Francis Ford Copola ou Joe DiMaggio (joueur mythique de baseball et mari de Marilyn Monroe) sont issus de ce quartier.
Historiquement, ce quartier de San Francisco avait une nuit nocturne agitée : bars, cabarets, strip clubs. C’est naturellement là que s’installèrent les jeunes intellectuels qui ont donné naissance à la Beat Generation, mouvement littéraire et artistique des années 50-60 dont les membres étaient épris des idéaux de liberté, mais aussi de la fascination des grands espaces américains ou du chamanisme hérité des indiens. La personnalité la plus en vue de ce mouvement, Jack Kerouac a lui-même résidé dans le quartier.
Nos pas nous mènent ensuite à Russian Hill. Cette colline a été nommée ainsi au moment de la ruée vers l’or puisque c’est sur un cimetière de marins russes que le quartier a été bâti. Situé en hauteur, le quartier permet d’avoir une vue d’ensemble de la baie de SF, mais encore faut-il gravir une de ces interminables rues en ligne droite.
Nous arrivons maintenant à la partie la plus célèbre de Lombard Street. La pente est ici à plus de 25% à tel point qu’il a été décidé de construire des virages en épingle très serrés. Cette portion reconnue comme la route la plus sinueuse des Etats-Unis fait le bonheur d’un flot ininterrompu de touristes qui s’amusent à l’emprunter au point de provoquer des embouteillages dans tout le quartier.
Nous redescendons vers la plage de North Beach où la faim nous conduit aux portes du Lori’s diner à la déco vintage, so 50’s. Si les hamburgers n’ont rien d’exceptionnels, ils remplissent leur office et le service est rapide. Nous reprenons rapidement la balade après le repas.
Première étape : aller toucher l’eau du Pacifique. C’est toujours un sentiment particulier que d’avoir à portée de main cet océan qui semble si lointain depuis la France. Quelques courageux enchaînent les longueurs : manque de bol, je n’ai pas mon maillot ! A défaut de baignade, on a au moins une belle vue sur le mythique Golden Gate Bridge.
Nous longeons la rive pour arriver devant le musée maritime de San Francisco, une anse artificielle dans laquelle de vieux bateaux tanguent tranquillement. Nous profitons de la longue jetée de béton qui ferme le bassin et offre un magnifique panorama tant sur la baie que sur la ville. Un peu plus loin, un parc et quelques palmiers apportent une touche tropicale. Il faut dire que San Francisco est connu pour ses journées brumeuses ; assez dur à croire quand on voit le ciel bleu immaculé !
Un bus nous fait traverser la ville pour nous mener en bordure de Haight-Ashburry, haut lieu de la culture hippie, architecturalement connu pour ses maisons victoriennes colorées. Nous nous promenons dans Alamo Square, un petit jardin public situé en haut d’une colline (encore une !). En bordure du parc, les fameuses Painted Ladies (demoiselles peintes) sont 5 maisons victoriennes aux couleurs chatoyantes qui constituent un arrêt photographie obligatoire pour les touristes que nous sommes. Flâner dans le quartier permet également aux amateurs de découvrir des édifices semblables.
Le soleil commence à se coucher et nous nous dirigeons vers Civic Center, le quartier des bâtiments officiels de la ville. Immenses, l’opéra, les théâtres, les musées ou l’hôtel de ville sont vraiment impressionnants. A côté de cette opulence, le quartier est également le lieu de vie de dizaine de sans-abris qui restent ici une bonne partie de la journée. Contraste saisissant et dérangeant qui nous rappelle que même dans une ville à l’atmosphère si cool, il existe de nombreux naufragés du rêve américain …
Nous quittons la ville en métro. La journée n’est pas totalement finie puisque nous allons prendre la route en direction du Sud jusqu’à la ville de San Simeon à environ 4h30 de route. Demain, c’est la côte Pacifique que nous allons explorer !
Pour résumer, ce que j’ai aimé de San Francisco, c’est la diversité des quartiers que nous avons visités et cela au sein d’un cadre marin magnifique. On voyage de petits villages en petits villages et on peut humer une ambiance vraiment différente dans chacune des communautés, un vrai patchwork d’identités culturelles. Si certains endroits sont un peu trop touristiques ou un peu superficiels, ce que nous avons vu de la ville en une journée fait quand même largement pencher la balance du côté positif.
Idéalement un ou deux jours de plus seraient nécessaire pour continuer à découvrir les autres quartiers de la ville : Haight-Ashburry et ses hippies, le quartier LGBT de Castro, le quartier hispanique de Mission ou encore le géant Golden Gate Park … Sevrés d’océan et d’humidité depuis un an, nous préférons néanmoins passer deux jours dans la nature. De toute manière, nous aurons surement l’occasion de revenir ; on a l’impression d’avoir seulement effleurer l’esprit de cette ville.
Enfin, SF est aussi un formidable terrain de jeu pour les amateurs de Street Art, les trottoirs, les murs, la moindre petite ruelle peut cacher une œuvre d’art. Voici quelques exemples pour le plaisir des yeux :
Et la maison bleue alors ….
Toujours accrochée à la colline ! Et pas tout à fait sur notre chemin ce jour-là.
Très belles photos, elles me rappellent beaucoup de souvenirs. Je vois que tu as eu la chance de voir le Golden Gate totalement dégagé ce qui n’est pas toujours le cas.