Dimanche 12 juillet, 12h00
Après quelques courses de dernière minute, une partie de Tetris géante dans le coffre de la Subaru et une heure de route, nous voici enfin arrivé au début de notre road trip qui nous mènera des sources de la rivière Colorado jusqu’à son passage dans le parc national de Canyonlands dans l’Utah. D’une durée d’une semaine, nous allons parcourir plus de 1100 miles à 5 avec nos deux amies Montréalaise Ariane et Lauriane qui elles vont sillonner pendant 3 mois l’Amérique du Nord (le rêve) et Jeff. Pour mon plus grand bonheur, le road trip se fera en tente (mais avec de superbes douches solaires pour ne pas trop sentir la crevette au bout de sept jours). 3 parc nationaux, 1 monument national, des merveilles naturelles, du sport, du rire et de la bière, j’espère que les 6 prochains articles vous feront un peu partager notre émerveillement lors de ce voyage.
Note : les 2 photographes en chef pour le road trip ont été Lauriane et Hélène. Plus de 1500 photos mais seulement le meilleur pour vous (et beaucoup de tri pour moi).
Nous voici donc arrivé au point de départ du commencement du début : LE
Comme indiqué sur le panneau, le parc fête ses 100 ans cette année. Sous l’impulsion d’Enos Mills tombé amoureux du site, une loi est promulguée par le président Woodrow Wilson le 26 janvier 1915 qui protège cet espace majestueux. S’agrandissant petit à petit au cours du temps, il atteint aujourd’hui 1 078 km² et son point culminant est le fameux Longs Peak dont le sommet à 4 345 m fait le bonheur des randonneurs chevronnés. Les plus de 3 millions de visiteurs annuels du parc prouvent bien que s’il est généralement boudé des circuits de l’Ouest Américain dans les guides français, il a de sérieux atouts à faire valoir ! Une route panoramique tutoyant les cieux, des sentiers de torture randonnées à foison, des écosystèmes préservés et plein d’animaux à photographier, voilà ce que vous pourrez trouver dans le parc. C’est d’ailleurs dès la première pause photo à l’entrée Est du parc que nous allons être accueillir par un balai de Tamia (écureuil trop choupinou appelé chipmunk dans le coin) et de geai bleus aux couleurs flashy.
Nous nous rendons pour commencer dans la région de Bear Lake pour une balade qui nous fera admirer 5 lacs d’altitude, chacun avec son propre caractère et ses atouts. Nous garons la voiture sur un parking relais où j’aperçois déjà un gros mammifère non identifié dans la forêt, ça commence bien. Puis nous prenons une des navettes gratuites mise en place par le parc afin de rejoindre le départ de la randonnée au Bear Lake proprement dit. Le sentier pour commencer est assez facile et un peu moins d’un kilomètre suffit pour rejoindre le Nymph lake. Pause pic-nic pour nous aux abords de cet étang à la surface de nénuphars jaunes. Bien que l’eau semble stagnante, elle est claire et l’on peut discerner sous l’onde quelques troncs d’arbre figés dans la vase. Étrangement, c’est une impression de mélancolie qui m’envahit alors que je contemple ce paysage.
Dessert pompotes (d’ailleurs je cite si souvent ce nom dans le blog qu’ils pourraient m’en envoyer des caisses gratuites), avant de reprendre la route. On continue tranquillement en longeant un torrent de montagne. Le chemin est bien aménagé et pour tout dire assez fréquenté. Le temps est beau et les résineux qui bordent le chemin amènent suffisamment de fraicheur pour rendre la randonnée très agréable. Nous arrivons rapidement auprès du deuxième lac de la journée, le Dream Lake.
Plus cristallin, on est presque ébloui par les rayons du soleil qui se reflètent à la surface. Le lac, tout en longueur, a pris ses quartiers dans la Tindall Gorge et offre une vue magnifique sur le Tindall Glacier. De nombreux pécheurs taquinent la truite sur ses bords et l’on distingue d’ailleurs furtivement dans l’onde quelques écailles luire.
Le chemin qui mène au bout du lac est presque trop aménagé à mon goût. Une petite passerelle permet de le rejoindre sans même salir ses chaussures dans la gadoue. Cela permet de rendre le chemin accessible pour tout le monde. Pour voir ce genre de paysage, il faut généralement une bonne marche d’approche, ici, des plus grands au plus petits, les merveilles sont accessibles à tous. C’est un peu l’esprit général que l’on retrouve dans tous les parcs nationaux.
Nous arrivons donc au petit ruisseau pour lequel le Dream Lake sert de déversoir. Là encore, on croise quelques pêcheurs à la mouche. D’où peut bien provenir l’eau si claire de la Tinder Creek ? Nous devons percer le mystère !
Le sentier s’élève maintenant pour une série de marche bien casse patte. Si le soleil, est bien présent, nous n’en demeurons pas moins à plus de 10 000 pieds de hauteur (3050 mètres). Nous rencontrons donc un banc de neige que Lauriane et Hélène se font un plaisir d’aller fouler. Après la nécessaire séance photo, elle tombe nez à nez avec une belle marmotte qui se prélassaient tranquillement sur un rocher. Même plus possible de marmotter tranquille !
Nous sortons de la forêt de pin pour arriver dans un paysage plus minéral. L’Emerald Lake est devant nous, encore plus magique que le précédent. Eau vert émeraude (d’où le nom du lac), onde limpide, on a clairement ici à faire à un magnifique lac d’altitude surplombé par Hallett Peak. Une image vaut mieux qu’un long discours :
Nous redescendons alors jusqu’au début de Dream Lake (pêcheurs toujours bredouilles, bien fait !). Nous poursuivons la randonnée vers un cinquième lac. Sans être impossible, la pente est plus soutenue ce qui peut expliquer que nous sommes bien plus seul. Au détour d’un petit col, une vue englobant tout le parc nous est offerte. Le Bear Lake et le Nymph Lake sont facilement repérables dans le paysage et nous donne une idée du chemin parcouru et à reparcourir. Il commence à se faire tard et nous décidons d’aller voir un dernier lac avant de rebrousser chemin.
Après quelques traversées de rivière sur des troncs, nous obliquons sur la droite et sortons de la forêt pour traverser un champ de gros rochers entourés de petites mares. Gros rochers, dans un des langages des indiens de la région se dit Haiyaha et c’est justement le Haiyaha lake que nous découvrons. Cette fois-ci, les eaux sont bleues, presque turquoises par endroit mais toujours aussi translucides. Un appel à la baignade et c’est d’ailleurs ce qu’un couple courageux est en train de faire. Vu la rapidité du bain, il ne doit pas être bien chaud !
Nous repartons et là, c’est le drame. Alors que je suis perdu dans mes pensées, soliloquant sur la beauté intemporelle de la nature face à la vie brève et illusoire des mortels, je me fais brusquement attaqué par une branche sournoise. Elle me laissera groggy, avec une belle bosse pour le reste du voyage. Heureusement, mes trois infirmières personnelles se mettent à m’entourer de leur attention. Non, non je n’en ai pas rajouté pour me faire chouchouter.
Le reste de la descente se déroule sans autre guet-apens alors que nous chantons à tue tête des chansons grivoises : pratique ce pays où personne ne comprends les paroles de La petite Huguette ! Nous avons quelques minutes à attendre pour la navette et nous en profitons pour aller jeter un coup d’œil au Bear Lake près de l’arrêt de bus. Afin de ne pas perdre celles qui ont choisit d’aller faire leur pause pipi (évidemment, partir avec 3 filles implique de passer son temps à attendre la fin des pauses pipi), nous restons à l’orée du sentier qui fait le tour du lac. Le soleil se reflète sur la surface, ça fait mal aux yeux. A peine le temps d’une photo et nous partons prendre la place dans le line up pour le car qui nous ramènera jusqu’à la voiture.
Pour la première nuit, nous avons réservé un emplacement au Moraine Campground. Moraine c’est une des vallées du parc de Rockies, une vaste plaine verte où il n’est pas rare de rencontrer de grands herbivores. A peine le temps de monter la tente et de gonfler les matelas pneumatiques (grand luxe le camping), et nous recevons une visite surprise. Un cerf de Virginie se balade tranquillement au milieu de tentes, normal … Un peu plus tard, c’est un wapiti des Rocheuses qui tranquillement traversera la route devant la voiture. En fin chasseur, Jeff ne devrait pas avoir trop de mal à se nourrir ce soir.
Nous retournons un moment à la civilisation dans la très touristique :
Ce soir, nous allons nous plonger dans le vrai Far West puisque nous allons assister à un rodéo ! Si l’image de cette compétition entre cowboys professionnels est associée à des états comme le Texas, au Colorado, on est aussi très friand de ces spectacles d’habilités. Chevaux racés, taureaux puissants, moutons pour les plus petits se succèdent au cours de différentes épreuves, maintenez bien votre Stetson entre vos cages à miel, c’est parti :
Malheureusement arrivés en retard, nous avons loupé la parade et l’hymne américain. Faisons contre mauvaise fortune bon cœur, nous commençons tout de suite avec la première épreuve, le Team Roping. Deux cavaliers cherchent à attraper une vachette (ou un veau, je ne suis pas spécialiste) avec un lasso. L’un attrape aux cornes, l’autre aux deux pattes de derrière. Les plus rapides sont bien évidemment les gagnants.
Les vainqueurs ont droit à un petit tour d’honneur et à la remise d’une petite enveloppe par les sponsors de l’épreuve. S’en suivent alors deux épreuves pour enfants. Dans la première d’entre elles, le Mutton busting, les candidats sont posés sur le dos d’un mouton et doivent tenir plus de 8 secondes. Comme par hasard, c’est un mioche d’Estes Park qui gagnera cette compétition. Dans la seconde, une nuée d’enfant se précipite sur un troupeau de 5 brebis sans défense afin de récupérer un objet collé sur leur tête. L’enfant qui en ramène un en premier a l’honneur de repartir avec une coupe plus grande que lui.
On passe aux choses sérieuses avec le Bronc Riding. Le cowboy est lancé, sans selle, dans l’arène sur le dos d’un broncos ruant et se débattant le plus qu’il peut. Le compétiteur est littéralement balancé dans tous les sens. Soit le cheval arrive à désarçonner son cavalier, soit au bout de 8 secondes, une sirène retentit et 2 assistants à cheval viennent acrobatiquement retirer une sorte de sangle au broncos qui stoppe petit à petit ses ruades (on imagine que quelque chose sur la sangle doit l’exciter voir le meurtrir). Impressionnant.
S’en suit une épreuve chronométrée, la Barrel race. Les femmes cowboys s’élancent sur un parcours. Elles doivent faire le tour de trois tonneaux en faisant prendre des angles totalement improbables aux chevaux lancés à pleine vitesse. Trop rapides pour l’appareil photo des filles. Dernières épreuves de lasso ensuite : un cowboy se lance à la poursuite d’un veau. A l’aide d’un lasso, il doit attraper l’animal aux cornes, nouer la corde à la selle de son cheval et presque dans le même mouvement sauter de sa monture pour lier 3 pattes du veau entre elle. Le vainqueur est le plus rapide mais il semble qu’il y a aussi une note de style donné par les juges, on n’a pas forcément bien compris.
Enfin le clou du spectacle, le Bull Riding. Même principe que pour les broncos, il faut rester, sans selle, le plus longtemps possible sur une monture complètement folle sauf que cette fois-ci, il s’agit d’un énorme taureau. Très très impressionnant. La plupart des concurrents sont rapidement éjectés de la bête. Pour ceux qui tiennent plus longtemps, deux assistants viennent encadrer le taureau et le cowboys saute sur la croupe d’un des chevaux pour s’éloigner ensuite en vitesse. Clairement à voir ! Pour info, aucun des candidats n’a tenu les 8 secondes. Le meilleur s’est éjecté du taureau à 7.56, ça doit déjà paraitre bien long !
Le show est fini. On a eu l’ambiance western que l’on est venu chercher, avec pas mal de spectateurs qui jouent le jeu de la tenue jean, chemise et chapeau. Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à aller voir un rodéo, ça vaut vraiment le coup (en plus ils servent du Jack Daniel’s au bar).
Nous rentrons au camping, bien enthousiastes mais aussi fatigués par cette longue journée : attention, ce n’est que le début !