Samedi 14 février, 13h
En ce beau samedi ensoleillé de Valentine’s day, notre journée a déjà commencé depuis quelques heures. En effet, afin de nous sociabiliser, nous nous sommes levés aux aurores (pour un samedi) afin de participer au petit déjeuner du 14 février organisé par le « comité des fêtes » de notre résidence. Cela nous a permis de revoir certains de nos voisins étrangers (allemand, espagnols, mexicain, indien et quelques américains quand même) que nous avions déjà croisés plus tôt dans la semaine dans une soirée épique Cooking Club durant laquelle nous avons appris à faire … de la salade de fruits !
Après avoir grignoter quelques sandwichs (jambon de dinde, cheddar au raifot), nous voici donc bien décidés à découvrir en couple les secrets des sentiers de randonnée du Chatauqua Park (Jeff ayant élégamment proposer de nous laisser seuls en ce jour des amoureux – flemmard oui ! ).
Après une rapide traversée de l’Université du Colorado, nous nous retrouvons à gravir The Hill (la colline), le quartier des étudiants aisés à Boulder. Evidemment, ce sont seulement les étudiants les plus argentés qui peuvent vivre ici tant les maisons semblent cossues. Autre particularité, de véritables manoirs sont bâtis à cet endroit. Il s’agit des maisons de fraternités et sororités dans lesquelles les membres de ces organisation étudiantes habitent ensemble.
Principalement dirigées vers les étudiants du premier cycle, ces fraternités proposent de regrouper les étudiants par communauté que ce soit des groupes liés à l’origine, à la religion ou à certaines valeurs. Ce phénomène est une institution aux USA avec un réseau d’anciens membres qui a l’air de mettre facilement la main à la poche comme le prouve les imposantes demeures qui se dressent devant nous. On se croirait dans un teen movie avec toutes ces maisons aux imposantes lettres grecques. La vie semble belle en ce beau samedi pour les frères et les sœurs qui se prélassent au soleil musique à fond, se font de passes avec un ballon de football américain ou jouent à un jeu d’alcool à base de table de ping-pong et de verres de bière ! Quelle drôle d’idée !!! Pourquoi pas avec des raquettes pendant qu’on y est !
Après une monté soutenue, Hélène peut découvrir le Chatauqua de Boulder et nous nous engageons rapidement sur le trail du même nom en direction des célèbres Flatirons. La montée se fait tout d’abord dans une sorte de prairie d’herbe assez sèche. Rapidement, le sentier se met à serpenter et nous entrons dans une forêt de résineux. Nous ne sommes clairement pas les seuls à avoir eu l’idée de cette randonnée et on a presque l’impression d’être sur une autoroute à l’heure de pointe. Beaucoup d’étudiants, en basket et bouteille d’eau à la main parcourent les alentours de la ville. Bientôt, un embranchement apparait devant nous et nous devons choisir entre l’ascension de la première Flatiron ou la Flatiron loop qui permet de se rendre au pied de la deuxième et la troisième. Nous choisissons la seconde solution, décidés par la plus faible fréquentation apparente de ce sentier.
Après quelques efforts, nous arrivons en dessous de grande falaise de rocher qui constituent la base de la troisième Flatiron. Quelle n’est pas ma pas ma surprise de constater que des gens l’escaladent sur une trentaine de mètres sans être nullement assurés ! Hélène m’assure (haha) que ce n’est pas trop dur et pas trop dangereux. L’expérience n’est quand même clairement pas pour moi qui ai déjà le vertige pour changer une ampoule. Quelques centaines de mètres plus loin, nous croisons les départs des sentiers de chemin d’accès aux principaux sites d’escalade des Flatirons. Hélène regarde les rochers avec les yeux brillants d’envie et il va sans dire qu’elle soupirera à chaque fois que notre route croisera celle des « climbers » aux baudriers cliquetants.
Nous entamons une courte descente agréable pour nous trouver devant un nouveau croisement. Nous choisissons la route de droite vers le vénérable Royal Arch trail, l’un des plus vieux de Boulder. Le sentier que nous parcourons longe un petit ruisseau au flot presque tari. Les bords du canyon dans lequel nous nous trouvons présentent de belles couleurs rouges affleurant à la surface. Il faut dire qu’en 2013 suite à des inondations monstres, le sentier a été entièrement détruit et son lifting n’a été terminé qu’en novembre dernier.
Nous traversons le courant à gué avant de monter dans une sorte de pierrier. Heureusement, le parc ayant été réaménagé récemment, des rochers plats judicieusement placés forment un escalier naturel tout au long de notre montée. Malgré le temps clément, nous sommes encore en hiver et des petites plaques de glace rendent glissants certains passages. Le dallage est une aide vraiment appréciable car à cet endroit, le chemin est vraiment raide et l’altitude commence à se faire ressentir. Notre dernière vraie randonnée remonte à plus de 6 mois et la reprise ne se fait pas sans heurt !
Nous arrivons difficilement à un petit col en pensant être au point d’arrivée. Douche froide pour moi, il s’avère qu’il nous reste près d’un mile à parcourir. Le somptueux panorama me console un peu de devoir repartir. Je dois vraiment avoir l’air fatigué car certains randonneurs m’encouragent en me disant que l’arrivée vaut vraiment le coup.
Il faut donc redescendre un escalier abrupte aux marches grossièrement taillées pendant un quart d’heure et c’est parti pour l’ascension finale.
L’effort est intense, terrible, épique. La pente ne se laisse pas aisément domptée. Mes poumons sont brûlants, mon cœur s’emballe, ma vue, fixée invariablement vers l’apex, se brouille sous l’effet de la fatigue. Mes muscles se tétanisent et la gravité prend un mal plaisir à alourdir mon sac à dos plein de pom’potes. L’esprit engourdi par la brutalité du combat ne perçoit pas le danger d’une plaque de glace noire sur le sentier. La glissade est inéducable et je dois m’avouer vaincu, poser un genou à terre devant l’hydre minérale. Cela ne peut pas être la fin, cela ne peut pas être fini.
Je ne peux accepter la défaite de l’homme face à la nature, je suis the man versus wild.
Mes muscles se contractent, mon refus de la défaite décuple mes forces, ma volonté devient inexpugnable et lentement, centimètre par centimètre, dans un geste ancestral, je me hisse sur mes deux pieds. Un combat de boxe s’engage. Droite, gauche, droite, gauche, je progresse maintenant porté par un cœur vaillant. Je lève un poing rageur et défie Ouréa, dieu intemporel des montagnes … sous le regard affligé d’Hélène devant mes simagrées ridicules.
Bref.
Nous arrivons enfin au terme de l’ascension et une énorme arche de pierre se dresse devant nous sur un tout petit promontoire au dessus de l’abyme. L’édifice est vraiment impressionnant et nous nous asseyons sous son ombre pour un repos mérité, quelques photographies et moult pom’potes.
La vue est saisissante depuis la dalle rocheuse.
Nous sommes habitués au paysage de montagne mais il est vrai que chez nous, il y a toujours un massif en face du sommet qui arrête notre regard. Ici, nous sommes saisis par la profondeur de champ, les plaines s’étendent vraiment à perte de vue sans le moindre relief.
Nous détaillons l’arche de plus près, étonné par les différentes couleurs de roches qui la composent. Malheureusement, la lumière rasante ne permet pas au photographe de mettre ce patchwork en valeur.
A travers le chas de cet édifice, nous avons également une belle vue sur la troisième Flatiron et sur la chaîne des Rocheuses au nord de Boulder, toujours avec cet aspect de brise lame.
La descente est plus tranquille, et pour une fois j’arrive même à doubler un autre randonneur ! (bon, c’est un papi de 70 ans). Le retour dans le parc de Chautauqua nous permet, en nous retournant, de beaux coup d’œil sur les montagnes et une vue d’ensemble dégagée des Flatirons.
Nous terminons main dans la main notre randonnée en profitant d’un paysage s’enflammant sous le coucher du soleil avant de redescendre à travers Boulder vers une bière bien méritée.
Le coin chiffres :
Distance totale du parcours : 11.28 km – 7.01 miles
Durée totale : 4h45
Altitude de départ : 1625 m | Altitude d’arrivée : 1625 m
Altitude Maxi : 2119 m | Altitude Mini : 1625 m
Dénivelé total du parcours : 1248 m
Dénivelé négatif : 624 m
Dénivelé positif : 624 m
Avant les 2 pas en arrière … n’oublie pas que ton permis de travail est lié à celui d’Hélène !
J’allais dire la même chose! 2 pas en arrière, une grande enjambée jusqu’à Grenoble city!